Novembre 2012

telePlusieurs émissions télévisées ont alerté les adultes sur certains jeux et comportements particulièrement dangereux, pratiqués par les plus jeunes (le petit pont massacreur, le jeu de la tomate, le jeu du foulard etc.). Certains enfants ou adolescents n’hésitent pas à filmer un des leurs, en train de se faire tabasser, sous les éclats de rire de leurs camarades, et à ensuite diffuser ces images violentes et humiliantes sur internet. Les victimes de ces pratiques sont ensuite dans bien des cas dénigrées et ignorées par leurs pairs, en raison de leur soi-disant faiblesse et leur manque de caractère. Par contre les personnes à l’origine de ces acharnements et dénigrements sont valorisées auprès de leurs camarades.


La chaîne de télévision France 2, que l’on peut vraiment féliciter, a diffusé le mercredi 17 mars 2010 une émission préalablement enregistrée, intitulée « LE JEU DE LA MORT ». La règle de ce jeu, était d’infliger des décharges électriques de plus en plus fortes, à chaque mauvaise réponse du candidat, dont le rôle était d’essayer de trouver les bonnes solutions. Ce programme télévisé a été soigneusement préparé et réalisé au cours de l’année 2009, par différents spécialistes et scientifiques pendant plus d’un an, et a coûté à la chaîne environ deux millions et demi d’euros.

En réalité ce programme a été réalisé, avec la participation d’un acteur simulant les souffrances provoquées par les pseudos décharges de courant. Par contre les participants à ce jeu ignoraient le côté fictif et expérimental de cette émission. Ils étaient convaincus qu’ils auraient réellement à infliger des décharges électriques en cas de mauvaises réponses, à une personne choisie pour répondre aux questions. Il était intéressant de constater que les 16 personnes (soit environ 20 % des candidats) ayant décidé de partir et de ne plus infliger des décharges électriques au candidat devant répondre aux questions, n’étaient pas applaudies en sortant du studio, par le public (composé de 2000 personnes) qui ignorait lui aussi le côté fictif du jeu. Par contre ceux qui avaient infligé (en tout cas en apparence) des décharges électriques jusqu’à plus de 400 volts, se retiraient sous des applaudissements soutenus.

Dans les jeux télévisés actuels, la règle est aussi de mise, puisque ce sont souvent les gagnants, quelle que soit le règlement, qui remporte le lot le plus important sous l’admiration du public. En cas de mauvaise réponse du candidat (acteur), le public encourageait les personnes (dont le rôle était de poser des questions et d’infliger en cas de mauvaises réponses des décharges électriques), en criant « châtiment ! Châtiment ! » Le but de ce programme, était d’étudier le degré d’obéissance des invités, aux règles de ce « jeu », et d’observer les mécanismes de subordination.

L’émission d’Antenne 2, s’est inspirée de l’expérience proposée dans le film « I comme Icare » avec Yves Montant qui date d’une trentaine d’années. On y voit le comportement d’individus face à la dilution de la responsabilité ou de l’irresponsabilité qui s’installe dans un groupe soumis à une hiérarchie qui détient l’autorité. Différentes personnes, ayant l’impression d’avoir une vie fade et insipide, dès qu’ils sont sous le feu des projecteurs, où ils ont momentanément l’impression d’être important et d’exister, perdent tout sens critique. Ils ne veulent surtout pas décevoir ce public qui donne momentanément du « relief » à leur vie. Pour s’en convaincre il suffit par exemple de regarder le comportement en général des candidats qui participent à des programmes de la télé-réalité.

Ceci étant dit, d’autres motifs et raisons peuvent expliquer les comportements des candidats à l’émission diffusée par France télévision, et dont on a parlé plus haut. Différentes études ont démontré que sous l’influence de la foule ou d’un phénomène de masse, l’individu perd petit à petit ses capacités de contrôle de soi et devient donc une proie facile aux manipulateurs de tout genre… Environ 80 % des 69 participants adultes, bien qu’étant persuadés d’infliger des décharges électriques croissantes, allant jusqu’à atteindre 460 volts, ont continué à participer au « jeu de la mort », alors que le candidat qui répondait aux questions, les supplie en criant d’arrêter de lui infliger ces souffrances !

À un moment donné, l’acteur qui mimait en criant à l’insu des autres candidats, les souffrances ressenties lors des décharges électriques, n’a plus du tout répondu ou gémit, alors que le jeu se poursuivait, dans les mêmes conditions. Cela devait laisser penser éventuellement, que le candidat répondant aux questions, était probablement évanoui, dans le coma ou bien mort. Cependant, cela n’a pas empêché la grande majorité des participants à ce « divertissement », de continuer d’infliger des décharges électriques, toujours plus intenses, à un homme théoriquement dans un état grave. On pourrait objecter ici qu’il s’agissait d’une fiction. Cependant les participants ignoraient totalement l’aspect fictif du jeu.

Il est important de préciser ici, que le présent résumé de ce reportage, ne souhaite en aucun cas, mettre en accusation ou à l’index, les personnes ayant participé à ce « divertissement » télévisuel. Il serait d’ailleurs bien présomptueux d’affirmer catégoriquement, que l’on n’aurait pas éventuellement dans les mêmes conditions, agit comme la majorité des participants à ce jeu. Par contre un tel reportage devrait tous nous encourager à une grande vigilance, face à toutes sortes d’émissions de télévision ou autres, qui contribuent au manque de respect d’autrui, tant sur le plan de l’intégrité morale que physique. Lorsque l’on observe la qualité de certaines émissions de télévisions dans le monde et aussi en France, on ne peut qu’être choqué par l’immoralité et la perversion de différents programmes de divertissement.

Certaines personnes se veulent rassurantes en précisant que les lois actuelles, nous empêcheront d’en arriver jusqu’aux extrémités proposées dans l’émission-fiction de France 2. Cependant, on peut se demander à juste titre si, malgré l’innocence de leur apparence, certaines émissions n’ont pas déjà actuellement des effets pervers. Doit-on rester les bras croisés, avons-nous encore l’énergie et la volonté de réagir face à des programmes qui encouragent directement ou indirectement, l’indécence, la violence, la ruse, la discorde, la jalousie, les coups bas, etc. ?

La télévision aujourd’hui a atteint un tel pouvoir de fascination, d’attraction, que bien des gens « boivent » le contenu des programmes en laissant au « vestiaire », leur esprit d’analyse et de critique. La banalisation quotidienne de la violence, voire de la cruauté dans certains cas, contribue à effacer, à dissocier ou à déconnecter les gens, des conséquences de leurs actes, et ce quelque soit leur âge. Si tout acte est précédé d’une pensée ou d’une émotion, comment croire que l’on puisse tout se permettre, à partir du moment où l’on est soi-disant dans le virtuel ? Ce monde virtuel des pensées et des émotions, n’est-il pas la matrice de nos actes ?

L’on accroît de plus en plus la pénalisation et les sanctions des actes délictueux. Parallèlement on favorise et conjugue ensemble de nombreux « ingrédients » ou paramètres pouvant favoriser les comportements asociaux, immoraux, pervers, agressifs et délictueux :

- Nourriture et environnement déséquilibrés, dénutrition plus ou moins toxique pouvant affecter entre autres, l’équilibre neurologique et émotionnel.

- Omniprésence de la bêtise, de l’immoralité et de la violence à la télévision, à la radio, dans les journaux, dans les jeux vidéo, sur internet, ou autres etc.

- Déclin des valeurs de solidarité, de respect et de bienveillance envers les autres. Le chacun pour soi ou seule la personne ayant réussi dans une épreuve ou dans un domaine particulier, est reconnue et encouragée. Tous les autres sont éliminés…

- Banalisation de la consommation de drogues soi-disant « douces », dont les effets peuvent être réellement « durs » et nocifs.

- Accroissement de l’importance donnée aux apparences, à l’esthétisme au détriment de ce qui est juste, vrai, réel, réellement beau, ainsi que de la notion de « bon sens ».

- Partage des richesses complètement déséquilibré, source de pauvreté et de violence.

- Encouragement du « tout et tout de suite » au détriment de la notion de temps et de maturité. Cela peut favoriser les sentiments de frustration et de colère chez ceux qui n’arrivent pas à être au goût de jour ou à la mode de l’instant.

- Apparition de nouvelles technologies de communication (téléphone portable, ordinateur, etc.) dont l’usage irresponsable, immodéré et exagéré, peut affecter les relations entre les personnes… Sur un plan physiologique toutes ces techniques ne sont pas dénuées de conséquences délétères sur la santé, parfois largement ignorées.

- Manque de considération à tous ceux qui n’ont pas « d’avoir » ou de possessions matérielles. Etc.

Afin d’éviter toute conclusion hâtive ou amalgame, il est bon de préciser que tous les propos de cet article, concernant la télévision ou la presse en général, ne cherchent pas à les dénigrer. Mais tout simplement à attirer notre attention sur la dangerosité de certains programmes télévisuels ou radiophoniques, qui sous des apparences « bon enfant », véhiculent des idées qui favorisent la disharmonie, la rivalité, la concurrence, le chacun pour soi, etc. Tous ces propos n’ont comme ambition, que de nous rappeler à notre responsabilité individuelle.

Eric Darche
Naturopathe spécialisé en nutrition.
Tél : 04 42 96 33 18.

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