Novembre 2010

tarteVoici une histoire édifiante, l’histoire chimique d’une tarte aux cerises vendue dans un supermarché.

Elle est contée par Claude Bourguignon, ingénieur agronome et un expert mondialement reconnu de la microbiologie des sols.

 
Histoire de la farine
 
Les grains de blé ont été enrobés d’un fongicide avant semis.
Pendant sa culture, le blé a reçu, selon les années, de 2 à 6 traitements de pesticides, un traitement aux hormones pour en raccourcir les tiges afin d’éviter la verse et une dose importante d’engrais (240 kg d’azote, 100 kg de phosphore et 100 kg de potassium à l’hectare).
 
Dans le silo, après récolte, les grains sont fumigés au tétrachlorure de carbone et au bisulfite de carbone et, enfin, arrosés au chlopyriphosméthyl.
Pour la mouture, la farine reçoit du chlorure de nitrosyle, et ensuite de l’acide ascorbique, de la farine de fève, du gluten et de l’amylase.
La poudre levante est, quant à elle, traitée au silicate de calcium, tandis que l’amidon est blanchi au permanganate de potassium.
Les corps gras reçoivent un antioxydant (comme l’hydroxytoluène de butyl) et un émulsifiant (type lécithine).
 
Histoire de la crème
 
Les œufs proviennent d’un élevage industriel où les poules sont nourries aux granulés contenant des antioxydants (E 300 à E 311), des arômes, des émulsifiants (comme l’alginate de calcium), des conservateurs (comme l’acide formique), des colorants (comme la capsanthéine), des agents liants (comme le lignosulfate) et enfin des appétants pour qu’elles puissent ingurgiter ces différentes substances. Elles reçoivent en plus des antibiotiques, et en particulier des anticoccidiens. Les oeufs avant séchage reçoivent des émulsifiants, des agents actifs de surface (comme l’acide cholique) et une enzyme pour retirer le sucre du blanc.
 
Le lait provient d’un élevage industriel où les vaches reçoivent une alimentation riche en produits chimiques :
• des antibiotiques comme le flavophospholipol (F 712) ou le monensinsodium (F 714) ;
• des antioxydants comme l’ascorbate de sodium (E 301), l’alpha-tocophérol de synthèse (F 307), le buthyl-hydrox-toluène (E 321) ou l’éthoxyquine (E 324) ;
• des émulsifiants comme l’alginate de propylène-glycol (F 405) ou le polyéthylène glycol (F 496) ;
• des conservateurs comme l’acide acétique, l’acide tartrique (E 334), l’acide propionique (F 280) et ses dérivés (F 281 à E 284) ;
• des composés azotés chimiques comme l’urée (F801) ou le diurédo-isobutane (F 803) ;
• des agents liants comme le stéarate de sodium ;
• des colorants comme le F 131 ou F 142 ;
• des appétants comme le glutamate de sodium, pour que les vaches puissent absorber l’ensemble.
 
Les huiles ont été extraites par des solvants (comme l’acétone), puis raffinées par l’action de l’acide sulfurique. Elles subissent ensuite un lavage à chaud : elles sont neutralisées à la lessive de soude, décolorées au bioxyde de chlore ou au bicarbonate de potassium, et désodorisées à 160° C avec du chlorure de zinc. Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine.
La crème, une fois obtenue, reçoit des arômes et des stabilisants comme l’acide alganique (E 400).
 
Histoire des cerises
 
Selon les années, les cerisiers ont reçu pendant la saison entre 10 et 40 traitements de pesticides. Les cerises sont décolorées à l’anhydride sulfureux et recolorées de façon uniforme à l’acide carminique ou à l’érythrosine.
Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d’aluminium et, à la sortie, elles reçoivent un conservateur comme le sorbate de potassium (E 202). Elles sont enfin enduites d’un sucre qui provient de betteraves qui, comme le blé, ont reçu leur dose d’engrais et de pesticides.
 
Le sucre est extrait par décantation à la chaux et à l’anhydride sulfureux.
Il est ensuite décoloré au sulfoxylate de sodium et raffiné au norite et à l’alcool isopropylique. Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique.
Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter BON APPÉTIT !
Extrait du livre de Claude Bourguignon : Le sol, la terre et les champs, paru aux Éditions Sang de la Terre.

Eric Darche

Naturopathe Spécialisé en nutrition.

www.ericdarche.com Tel : 04 42 96 33 18 (Conseil aussi par téléphone.)

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